Gérard Gauthier est une légende

Par chantalepotvin
Gérard Gauthier est une légende

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Né le 26 juillet 1924, à 86 ans, Gérard Gauthier est un personnage. Quelle énergie cet homme! La maison des Gauthier, là où il habite et où il a été cordonnier près de 60 ans, est un véritable musée. L’Étoile du Lac l’a rencontré.

En entrant dans la maison âgée de 117 ans, il faut signer le livre des visiteurs. Depuis de nombreuses années, Gérard Gauthier et sa colocataire depuis 25 ans, Thérèse Girard, qui une amoureuse des fleurs, demandent aux gens de rédiger leurs commentaires dans un livre qui trône sur un lutrin à l’entrée de la résidence. C’est là que Thérèse Gauthier, la sœur de Gérard, a tenu un salon de coiffure de 1956 à 2006. À la lecture des mots notés par les visiteurs, c’est facile à juger, on salue le travail de conservation réalisé à l’intérieur de la maison remplie de magnifiques antiquités.

Combien de souliers!

« J’ai commencé comme cordonnier en 1944, à Chicoutimi, là où j’ai été formé dans une manufacture de chaussures. Je suis arrivé à Roberval en 1953. Ma cordonnerie a toujours été installée ici, dans cette maison. Parfois, les clients venaient déposer jusqu’à 80 paires de souliers à réparer par jour. Les bris les plus fréquents étaient les semelles, les talons et les coutures qui défont », s’est remémoré M. Gauthier.

Si on fait un calcul grosso modo, on peut affirmer que le cordonnier a réparé, au bas mot, près d’un million de paires de souliers. En multipliant par deux, c’est encore pire! « Et des patins madame! J’en ai aiguisé des patins! L’hiver, certains jours, j’en aiguisais de 8 heures le matin à tard le soir », a-t-il ajouté.

Il affirme que la chaussure était mieux faite avant, car elle était en vrai cuir. «Aujourd’hui, il y a beaucoup de plastique et c’est difficile de coller les bris. Je crois que c’est un métier où il y a encore de la place, mais il ne faut pas avoir peur de travailler. Aussi, il fallait « clairer » son tas rapidement pour ne pas se mêler Moi, jadis, on me demandait de former des apprentis sans me payer. Je refusais. Depuis 1953, une seule paire de souliers n’a pas été réclamée. On pourrait peut-être lancer un appel à tous! », a plaisanté M. Gauthier.

Parfois, quand il rencontrait des gens ici et là, dans la ville, il leur disait de passer à la Cordonnerie Idéale, car ils avaient encore des souliers ou autres à venir chercher. « Pendant des années, on travaillait vraiment pour rien, c’était épouvantable, 40 cents pour réparer des souliers, 27 $ par semaine, c’était l’époque! », a-t-il soulevé. « Comme bilan, pendant toutes ces années, j’ai mis deux clients à la porte. Juste deux, car c’était vraiment des « chialeux ». En 66 ans, ce n’est pas si mal quand même », a-t-il ajouté. « C’est vrai que je suis en forme aujourd’hui, j’ai pris un coup aussi! Des petites Labatt 50, ça ne me faisait pas peur, mais les souliers étaient réparés bien droits et un bon matin, j’ai arrêté tout ça avant de tomber malade. J’étais vraiment bon de la bière, mais j’en avais assez pris! », a avoué le cordonnier.

Gérard Gauthier n’a jamais été marié et il n’a pas eu d’enfants. « J’ai eu beaucoup de blondes, mais je n’ai jamais accepté de les marier ou de vivre avec elles. Je considère que c’est une belle vie. On fait ce qu’on veut. Vous savez, j’aurais pu me marier bien des fois, mais non! Je suis vraiment bien ainsi », a-t-il confié. « Aujourd’hui les choses n’ont pas changé tant que ça en affaire. Il faut parler avec les clients pour les satisfaire et refuser les jobs impossibles. Certains arrivaient avec des choses bonnes à jeter et ils croyaient à des miracles », a conclu M. Gauthier avec un beau grand sourire.

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