L’Édition du 20 avril du Journal nous informait de la collaboration de la Ville de Saint-Félicien avec le CN afin d’aménager des clôtures pour empêcher de traverser la voie ferrée à pied à certains endroits. Ce volontarisme de nos élus à l’égard de cette demande me semble de mauvaise aloie. La valeur fondamentale de sécurité invoquée par M. Mathieu Gaudreault, conseiller principal relations avec les médias et affaires publiques au Canadien National (CN), dépasse les limites du raisonnable dans le cas qui nous concerne.
Premièrement, je ne connais pas de Félicinois unijambiste ou manchot qui doivent leur condition à leur traverse de la voie ferrée. Depuis la venue du train à Saint-Félicien en 1917, combien d’accidents déplorons-nous sur notre territoire par l’imprudence des piétons ? Il y a assez de problèmes dans le monde pour qu’il ne soit pas nécessaire d’en inventer.
Deuxièmement, on pourra toujours rétorquer « qu’un accident est si vite arrivé » ou « qu’il ne faut pas attendre le pire avant d’agir » et encore « un accident, c’est un de trop », mais ces prescriptions doivent être mises en perspective. On doit jauger, comme on le fait actuellement avec la COVID, entre la liberté et la sécurité. Si tant de personnes transgressent la propriété privée du CN, c’est probablement que cela leur est pratique. Faut-il, pour éviter quelques hypothétiques infirmités, embêter tous ceux qui utilisent ces voies de circulation ? On peut se fier au bon jugement des individus et à l’amour qu’ils portent à la conservation de soi pour franchir la voie ferrée avec prudence.
Troisièmement, soyons bons joueurs, et adhérons au principe du risque zéro. En toute cohérence, on devrait aussi clôturer le populaire sentier pédestre des Chutes à Michel. La valeur fondamentale de sécurité du CN se rend-t-elle jusque-là ? Si oui, est-ce que la Ville collabore ? Si la réponse est non, c’est probablement que l’on estime que le plaisir des randonneurs compense le risque encouru. À plus forte raison, on devrait arriver au même constat pour les piétons du centre-ville qui, souvent faute de véhicule, doivent circuler à pied.
Ces clôtures répondent à la valeur fondamentale de la compagnie ferroviaire, mais répondent-elles aux objectifs de la Ville de Saint-Félicien, dont celui de faciliter la circulation piétonnière ? Ainsi, je suggère à nos élus de cesser, pour l’instant, toute collaboration avec le CN. Je remercie les dirigeants de cette entreprise de la sollicitude témoignée à l’égard des Félicinois et je leurs suggère d’adopter la même attitude envers leurs propres employés. En effet, le non-respect de la loi des langues officielles constitue un danger selon les chefs syndicaux Hallé et Gratien.1
Luc Bouchard
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Canadien National | Des travailleurs francophones sous « pression » | La Presse