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Porsche est devenu le spécialiste de la ramification. Il existe pratiquement autant de modèles 911 que de propriétaires.
Et fidèle à ses habitudes de sportif extrême, Porsche a concocté une recette extrême pour la Boxster qui se conduit préférablement sans toit. Son nom : Boxster RS Spyder et son plaisir de conduire sont au centre de toutes les préoccupations de Porsche.
Plus légère
De retour du concours d’élégance de Pebble Beach où j’ai eu la chance d’essayer l’ancêtre de cette Boxster, la 356 speedster de l’année 1956 avec moteur 1600cc qui était une voiture sport basée sur un châssis de Beetle. Remarquablement agréable à conduire. Un demi-siècle plus tard, Porsche renoue avec ce type de carrosserie avec le nouveau Boxster Spyder qui s’inscrit dans cette lignée de bolides mythiques. Extrême, radical et exclusif, c’est une voiture qui deviendra sans doute un classique, une future pièce de collection. Par rapport au Boxster S dont il est étroitement dérivé, le Spyder se distingue par sa ligne singulière : il adopte un double bosselage à l’arrière dans le prolongement des arceaux de sécurité, des jantes extra fines de 19 pouces à l’arrière. Comme toute sportive plus extrême, Porsche est allé à la chasse aux kilos. Au nom de l’allégement, on fait des concessions importantes. Le toit entièrement manuel qui épargne 21 kg en supprimant les supports hydrauliques et la commande électrique prévoyant un capot arrière en aluminium. Dans le même alliage, les portes permettent d’épargner 15 kg, les sièges (rouges ou noirs) 12 kg, les poignées de porte 1 kg, les roues 5 kg. On sera plus réservé sur les 7 kg de gain dus au réservoir diminué de 10 litres (54 l), l’omission de la radio en équipement standard et la minibatterie (6 kg).
Plus incisive
Conçu pour ceux qui ont accès à un circuit routier la Spyder est plus basse de 20 mm par rapport à la Boxster S, son centre de gravité est descendu de 25 mm, ce qui contribue à réduire l’amplitude des mouvements de caisse. Ajoutons à cela une suspension spécifique et des voies élargies, et nous voilà au volant d’un engin qui associe agilité et stabilité de façon diabolique, quel que soit le type de parcours. Il faut tourner sur piste pour espérer commencer à en voir le bout, car, sur la route, on a toujours l’impression d’en avoir encore sous le pied, alors que la vitesse est déjà totalement déraisonnable. En bout de piste, ce ne sont pas les 10 chevaux de plus que la Boxster S qui fond une grande différence sur la route, mais les ajustements au châssis. Les 320 chevaux vont peut-être même paraître un peu maigres pour certains maniaques de puissance. Mais contrairement à bien des modèles plus extrêmes, Porsche fait en sorte avec la Spyder que chaque cheval-vapeur puisse être exploité et c’est là la grande beauté de ce modèle, vous pouvez extirper chaque gramme de plaisir de ce moteur et du châssis remarquablement équilibré.
Minimaliste
Pas de radio, pas de porte-gobelet ni de vide-poches et il faut oublier la climatisation, l’intérieur est réduit à sa plus simple expression. Les poignées de porte intérieures ont été remplacées par une sangle, rouge comme les ceintures de sécurité, sur laquelle on tire pour ouvrir la porte. On sauve chaque gramme possible. Il faut aussi mentionner la capote en toile qui comme un Jeep Wrangler demande une opération 100% manuelle en quelques étapes. Il faudrait remplacer le mot capote par trois bouts de toile qui se cachent dans le coffre arrière. L’opération se fait en trois temps, il faut d’abord défaire les crochets de la partie en fibre de carbone qui est attachée au-dessus du conducteur pour ensuite enlever le rideau qui sert de cloison derrière le pilote. Il faut ensuite défaire les sangles qui s’accrochent au coffre à l’arrière et replier le tout. Une fois entrainer, l’opération prend environ 5 minutes. Donc, si vous n’allez pas loin, mieux vaut laisser le toit en place, même stratège si le temps est gris.
Un plaisir sans fin
C’est vraiment sans toit qu’il faut profiter de la Spyder. La douce musique des 320 chevaux de la mécanique six cylindre. Le calage et la levée variable des soupapes lui confèrent une personnalité à deux facettes : force tranquille aux allures de promenade et totale furie lorsque vous écrasez l’accélérateur. Et le moteur chante merveilleusement juste jusqu’à 7 200 tours/minute d’où les 10 chevaux de plus que la Boxster S. Les sièges sport offrent un excellent confort, mais surtout un support sans pareil, surtout si vous avez l’intention de voir un peu ce que la voiture a dans le ventre. La direction ultra directe permet de pratiquement toujours garder les mains à 9 h 15. La commande de boîte ferme et précise peut être raccourcie encore en option. Sinon, il y a le choix de la PDK robotisée 7 rapports qui ajoute 25 kilos à la voiture et est moins amusante que la manuelle à six rapports. Le moteur est vraiment magique et offre un plaisir absolu au volant. Agile, confiant, puissant et doter d’un freinage diabolique. C’est une sportive pure qui offre aussi les inconvénients de ce genre de voiture qui devient rapidement inconfortable après quelques heures derrière le volant. Mais à part ce défaut et le toit qui n’est vraiment pas pratique, Porsche a pondu une autre voiture qui va plaire aux puristes.
Forces
Tenue de route diabolique
Musicalité du moteur
Boîte manuelle ultra précise
Faiblesses
Le toit inutilement compliqué
Suspension sèche
Sièges inconfortables après quelques heures
Fiche technique
H6 3,4 l DACT, 320 ch à 7200 tr/min
Couple 273 lb-pi à 4750 tr/min
Transmission manuelle à 6 rapports, manuelle robotisée à 7 rapports (en option)
0-100 km/h 5,1 s
Vitesse maximale 267 km/h
Consommation (100 km) man. 10,7 l
PDK. 10,3 l (octane 91)
AUTRES COMPOSANTES
Sécurité active freins ABS, répartition électronique de force de freinage, assistance au freinage, antipatinage, contrôle de stabilité électronique
Suspension avant/arrière indépendante
Freins avant/arrière disques
Direction à crémaillère, assistée
Pneus Spyder P235/35R19 (av.), P265/35R19 (arr.)
• DIMENSIONS
Empattement 2415 mm
Longueur 4342 mm
Largeur 1801 mm
Hauteur 1231 mm
Poids 1275 kg
Coffre 150 l (av.), 130 l (arr.)
Réservoir de carburant 54 l
Prix de base 72 900$
Benoit Charette est copropriétaire et rédacteur en chef de l’Annuel de l’Automobile 2011.
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