Yannick Bouchard construira un deuxième canot en écorce au cours de la prochaine saison hivernale. Un travail minutieux et un défi de taille pour chacune des étapes de construction.
D’ici ce temps, il tente de vendre son premier canot. « Je rêve de le voir exposer dans un restaurant, hôtel, magasin de chasse et pêche ou un musée. Il est de qualité muséale. D’ici là, parlez-en à vos contacts, on ne sait jamais! Il ne laisse personne indifférent et permettra à quiconque d’admirer la beauté que Mère Nature peut nous offrir », peut-on lire sur la page Facebook de Yannick Bouchard.
L’artisan a testé son canot et il est en mesure de naviguer, mais ce n’est pas pour cette raison qu’il l’a construit.
C’est en juillet 2022 qu’il débute la recherche en forêt des matériaux nécessaires pour construire le canot. Le premier « vrai » test consiste à trouver une écorce de qualité.
« Puisqu’on utilise une seule écorce en un seul morceau, il faut être patient. Elle doit être épaisse, flexible et de qualité. »
Dans la vidéo qu’il a publiée sur YouTube, on peut voir Yannick Bouchard utiliser une longue baguette tranchante pour couper et retirer l’écorce d’un bouleau qui avait un diamètre de 36 pouces.
« Il ne faut surtout pas casser l’écorce. Cette technique sans abattage permet de garder en vie l’arbre après le prélèvement de l’écorce qui se régénérera dans environ 15 ans si tout va bien », commente-t-il.
Racines d’épinettes
Son premier canot terminé au début de 2023 mesure 11 pieds 2 pouces. Il s’agit d’une réplique exacte des plans d’Edwin Tappan Adney.
En septembre et octobre 2022, il a procédé à la récolte des racines d’épinettes à travers beaucoup de moustiques. Il faut entre 350 à 500 pieds pour la construction d’un seul canot.
« Après les avoir retirées du sol, il faut les faire bouillir et par la suite je les ai écorcées. Ensuite, il faut les séparer en deux. Puis on les place en rouleaux pour qu’elles sèchent. »
L’étape suivante permet de donner une couleur rouge brunâtre sur une partie du canot.
« À la fin de novembre 2022, j’ai procédé à la récolte de l’écorce d’hiver plus difficile à retirer des bouleaux. L’écorce d’hiver revêt une mince couche de cambium à l’intérieur. Ça lui donne une couleur foncée qui permet de faire des dessins en la grattant. »
Arbres difficiles à trouver
S’ajoute à tout ce travail la difficulté de trouver de bons arbres qui ne sont pas toujours près de la route.
« Vient ensuite la construction de nombreux outils pour bâtir le canot dont la plateforme et le poinçon triangulaire pour coudre le bateau. Par la suite, on doit sculpter les traverses en bouleau suivi du déroulage et grattage de l’écorce, l’installation et lestage du cadre, la couture des panneaux d’écorce d’hiver avec les racines d’épinette. Finalement après avoir enlevé le cadre et nettoyé l’écorce j’ai installé et lesté le cadre intérieur. »
Une démarche qui démontre toute la patience nécessaire pour accomplir ce travail ancestral.
« Je vous laisse avec le leitmotiv qui guide ma vie: respectez la nature et elle sera toujours généreuse avec vous », conclut l’artisan.