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TÉMOIGNAGE. Avant que le juge Pierre Lortie ordonne une peine de 12 mois d’incarcération à Jean-Marc Campion, le Tribunal, à la demande de la jeune victime, a accepté de lever l’interdiction de publication.
La jeune fille, Marijane Bonenfant, entourée de ses parents Marco Bonenfant et Julie Ménard, ainsi que de sa grand-mère Suzie Guertin, a adressé sa demande afin de pouvoir s’épanouir sans être contrainte par cette mesure juridique.
« Marijane a fait mention à quelques reprises qu’elle aimerait encourager les gens à dénoncer. Elle n’a rien fait de mal et elle n’a rien à se reprocher. Les gestes qui ont été posés à son égard n’appartiennent pas à Marijane. Marijane est consciente de cela. Elle veut utiliser son expérience afin d’aider d’autres gens. Elle ne veut pas avoir d’obstacles pour en parler. C’est l’une des raisons qui l’a mené à faire la demande de lever l’interdiction de publication », souligne la mère de la jeune fille.
La famille avant tout
Malgré ce tsunami qui a complètement transformé la vie de chaque membre de la famille, l’amour, la confiance et le respect ont permis de les garder unis.
« Avant d’entamer les démarches, nous avons pris la décision à trois. Marijane a pris la décision avec Marco et moi. Comme parents, nous avons donc décidé de dénoncer. Quand nous avons pris la décision, nous l’avons fait dans le but de protéger notre fille. Nous avons un travail en tant que parents, mais nous avons également un travail comme citoyens afin de protéger les autres. Quand nous avons confié le dossier aux enquêteurs, je n’avais pas d’attentes. Notre travail de parent était fait. Par la suite, c’est la justice qui a suivi son cours », mentionne Mme Ménard.
Alors que certains trouvent le processus judiciaire lourd, la famille Bonenfant-Ménard a décidé de lui faire confiance.
« Jamais le poids des procédures n’a reposé sur nos épaules. La justice a fait son travail. C’est la justice qui a décidé de sa culpabilité et c’est la justice qui lui a donné sa peine. On l’a fait pour protéger notre fille. C’était le plus important », mentionne Marco Bonenfant.
Devant pareille situation, la colère et l’agressivité sont des émotions qui prédominent. La famille Bonenfant-Ménard avait fait consensus qu’elle n’allait pas emprunter cette voie.
« Nous n’avons jamais dénoncé par vengeance, nous avons dénoncé afin de protéger notre famille. Le juge aurait pu accorder 3 mois, 6 mois ou 18 mois. Dans mon esprit, sa sentence est tombée la journée que nous l’avons appelé afin de lui faire part des aveux de Marijane. En dénonçant, je crois que Marijane a donné l’opportunité à cet homme d’aller chercher de l’aide. J’espère qu’il va saisir cette chance. Je lui souhaite vraiment », mentionne la Julie Ménard.
Bouleversement
« Ça prend beaucoup d’amour pour traverser une expérience comme ça. Il faut s’entourer des bonnes personnes et demander de l’aide à des professionnels. Il faut vivre les émotions. On ne peut pas les garder à l’intérieur. On est confronté à nos propres idées. On se pose plusieurs questions. Nous voulons comprendre. De mon côté, j’étais partagé entre mon rôle de conjointe et mon rôle de grand-mère. Je n’ai pas voulu prendre une décision précipitée, car d’un côté ou de l’autre, j’allais vivre un éclatement. C’est un processus difficile, mais ce n’est pas complètement noir », mentionne Suzie Guertin.
Chaque individu d’une famille vie ce drame d’une manière personnelle.
« Accepter la situation, c’est accepter de voir sa vie être bouleversée. C’est accepter que notre monde ne soit plus jamais pareil. Par contre, de faire la loi du silence, c’est de se conforter dans le malheur. C’est inquiétant d’aller vers l’inconnu. Oui, ça demande du courage et de la résilience. C’est certain que tu ne fais pas ça seul, mais de ne pas le faire est-ce que cela va te garder plus heureux? », ajoute Mme Guertin.
Aujourd’hui, la famille est satisfaite de voir cette étape se terminer, elle espère qu’en levant le voile sur leur histoire sera l’élément déclencheur afin de permettre à d’autres victimes de dénoncer.
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